STOP à l’austérité ! Conférence de presse de Gauches Communes
Ce 16 avril au matin, ‘Gauches Communes’ avait donné rendez-vous au café bruxellois Metteko afin de présenter le programme défendu pour ces prochaines élections. Ces listes unitaires rassemblent des travailleurs, des syndicalistes, des jeunes, des pensionnés, des allocataires sociaux et différentes composantes de la gauche opposées à l’austérité et qui veulent aider à faire avancer le débat autour de la nécessité d’un relais politique large pour les luttes des travailleurs et de la construction d’un front de résistance anti-austérité dans la rue.
Des listes Gauches Communes seront présentes à Bruxelles pour la Chambre et à la Région. L’initiative est soutenue par le Parti Socialiste de Lutte (PSL-LSP) et le Parti Humaniste (PH-HP). D’autre part, Gauches Communes soutient l’appel de la FGTB de Charleroi-Sud Hainaut pour un rassemblement de l’ensemble des forces à la gauche du PS et d’Ecolo, dans le respect des diverses composantes.
Par Pietro (Bruxelles)
La conférence de presse a commencé par une présentation du programme de Gauches Communes par Gilles Smedts (PH), tête de liste à la Région, et par Anja Deschoemacker (PSL), porte-parole de l’initiative et tête de liste à la Chambre.
Gilles a de suite abordé la thématique de l’énergie : « on ne peut pas laisser le secteur de l’énergie aux mains du privé. Gauches Communes lutte pour la nationalisation complète du secteur sous contrôle de la collectivité. L’avenir de la planète est plus important que les intérêts de grandes entreprises! » Il a ensuite poursuivi avec la question de la paix : « le gouvernement belge va dépenser 6 milliards d’euros dans les avions F35, c’est inutile ! », a-t-il affirmé, « avec cela, on pourrait construire des hôpitaux ou des écoles pour répondre aux vrais besoins de la population. » Gauches Communes défend la sortie de la Belgique de l’Otan et se positionne pour la défense de la paix à l’échelle internationale.
Il a ensuite conclu son intervention en soulignant la nécessité de se battre pour une démocratie réelle en proposant une loi de responsabilité politique (la révocabilité des élus) qui doit obliger les politiciens à travailler en fonction des intérêts de la collectivité et non pas de ceux d’une infime élite.
Anja a ensuite pris la parole : « Le gouvernement Di Rupo (PS-MR-Cdh-CD&V-OpenVld-Sp.a) et tous les partis traditionnels nous disent d’une manière ou d’une autre qu’il n’existe pas d’alternative aux politiques d’austérité. Ils ne diffèrent que vis-à-vis de la forme ou du rythme de cette austérité. Mais cette austérité n’est pas imposée à la minorité au sein de cette société qui possède toutes les richesses, elle frappe au contraire la majorité de la population. »
Le mot d’ordre de l’initiative est donc « Stop à l’austérité », autour d’un programme politique qui part des besoins de la population et non des intérêts de l’élite. Dans l‘enseignement, par exemple, il n’a été question que de sous-financement ces 20 dernières années, alors que les autorités sont incapables de garantir une place pour chaque enfant dans nos écoles. Il en va de même pour les logements: alors qu’il existe 1,6 million de m2 de bureaux vides, les listes d’attente pour les logements sociaux sont interminables. À nouveau, nous ne pouvons pas laisser le marché organiser les besoins fondamentaux de notre société. Au niveau de l’emploi, nous voyons un tiers de la jeunesse soit exclue du marché de l’emploi, soit bloquée dans des contrats intérimaires ou précaires. D’autre part, les salaires ont énormément baissé même malgré la période de richesses croissantes que nous avons traversé. Créer un large secteur d’emploi à bas salaires n’est pas la solution.
Notre solution : Gauches Communes revendique un plan radical d’investissements publics pour des écoles, des logements, des emplois décents et plus de pouvoir d’achat.
Anja : « Les moyens sont là ; il faut juste avoir la volonté politique d’aller les chercher là où ils sont. Gauches Communes n’est pas opposée à des mesures visant à imposer les grosses fortunes, etc. Mais il faut être clair : les riches ne veulent pas contribuer aux besoins de la collectivité, il y aura une fuite des capitaux de la même manière que cette élite planque déjà sa fortune dans des paradis fiscaux aujourd’hui. C’est pourquoi nous défendons la nationalisation des secteurs clé de l’économie sous le contrôle et la gestion des travailleurs. L’économie toute entière doit être mise au service des besoins de la population. Mais sans un changement de société, tout cela ne sera pas possible. »
Divers questions ont été posées par les journalistes, essentiellement vis-à-vis du PTB .
« Que pensez-vous de l’unité de la gauche et quelle sont été vos discussions avec le PTB ? »
Gilles Smedts explique : « Le PSL et le PH ont toujours activement participé à toute initiative unitaire de la gauche (en 2009 avec le PSL, la LCR, le PC et le PH ; en 2010 avec le Front des Gauches et en 2012 avec Gauches Communes). Le PTB a refusé toute collaboration avec nous pour ces élections. Nous sommes pour l’unité de la vraie gauche, dans le respect de ses diverses composantes : la diversité est une richesse pour la gauche. Gauches Communes sera toujours prête pour chaque projet d’unité à gauche. »
Boris Malarme, responsable de la campagne, a spécifié quelle était la proposition du PSL effectuée en mai dernier, avec le soutien du PH, pour des listes unitaires sous la formule PTB-Unité ou quelque chose similaire (voir la lettre ouverte du PSL à ce sujet). L’option que nous défendons est celle d’une collaboration de toute la gauche avec liberté de débats et unité d’action afin de répondre au besoin d’unité des travailleurs face à l’avalanche d’austérité. Nous pensons que PTB-go ! est un pas en avant dans cette direction mais, malheureusement, notre participation a été refusée.
Pour nous, la principale question actuelle est de construire un front commun de résistance contre l’austérité car qu’importe quel gouvernement arrivera après les élections, il poursuivra cette politique d’austérité au détriment de la collectivité. Le mouvement des travailleurs aura besoin d’un véritable plan d’action offensif pour riposter efficacement.
« Pourquoi le PTB a-t-il refusé, et est-ce une question de différence de programme ? »
Il est vrai que nous menons les débats de façon constructive sur les points programmatiques. Nous sommes par exemple d’accord pour dire ensemble que le coût des médicaments est trop élevé, mais nous ne pensons pas qu’un appel d’offre publique comme le « modèle Kiwi » est une solution. Gauche Communes défend un service national de santé public qui intègre également la partie rentable du secteur, l’industrie pharmaceutique. D’autre part, la baisse de la TVA sur l’énergie a été utilisée par le gouvernement comme un saut d’index masqué. Nous devons bien prendre garde à la manière dont nos propositions peuvent être détournées par l’establishement si elles ne sont pas liées à la nécessité d’un changement de société. Nous comprenons que le PTB veuille se concentrer sur sa campagne et craigne d’être confronté à ce genre de discussion. Nous pensons toutefois que c’est une erreur.
« Êtes-vous d’accord avec le nouveau livre de Pascal Delwit consacré au PTB » ?
Non. Son livre est une analyse erronée. Le PTB a véritablement changé, pas seulement en façade. Mais il y a aussi une tendance plus à droite sur le plan programmatique.
« N’allez-vous pas éparpiller les voix à gauche ? »
Gilles répond : « Nous ne déposons de listes qu’à Bruxelles et appelons à voter PTB à Anvers et Liège pour que Raoul Hedebouw et Peter Mertens soient élus ainsi qu’à Charleroi pour soutenir le développement de l’appel de cette régionale de la FGTB. A Bruxelles, Le PTB a également refusé de conclure un groupement de listes. Nous avons suffisamment démontré de bonne volonté, mais nous n’allons pas non plus politiquement nous suicider en ne participant plus aux élections ».
En conclusion, Anja a insisté sur l’après-élection et le besoin d’un front de résistance contre l’austérité. Les élections ce n’est pas tout, mais qu’on a besoin de l’unité dans les luttes.
Note de la rédaction : Gauches Communes ne se présente qu’à Bruxelles à la Chambre et à la Région. En Flandre, nous appelons à voter pour le PTB. En Wallonie, nous appelons à voter pour les listes qui se trouvent à la gauche du PS et d’ECOLO, mais à Liège et Charleroi, nous appelons explicitement à voter pour les listes PTB-GO.
Reportage de Télé Bruxelles:
Les « Gauches communes » présentent à Bruxelles des candidats à gauche du PTB
BRUXELLES (Belgique)
Les « Gauches communes » ont dévoilé mercredi les listes de candidats qui se présenteront à Bruxelles (Chambre et Parlement régional) pour défendre un programme anti-austérité. Le Parti social de lutte (PSL) et le Parti humaniste (PH) auraient aimé élargir leur union au PTB, mais la formation de gauche radicale, qui a le vent en poupe, a rejeté l’invitation pour cause de stratégie divergente.Les « Gauches communes » seront défendues par Anja Deschoemacker (PSL) à la Chambre et Gilles Smedts (PH) à la Région. Les deux candidats ont exposé leurs priorités à la presse mecredi, au café bruxellois Metteko, opportunément attablés sous un étendard de Che Guevara. Ils réclament notamment la nationalisation du secteur de l’énergie pour gérer la transition énergétique. Gratuité des transports publics, logement social et économies dans le budget de la défense et sortie de l’OTAN, sont quelques-unes des priorités évoquées. Les deux candidats sont unanimes: « il y a des montages de moyens » pour financer leurs politiques. Les six milliards prévus pour l’achat d’avions F35 permettraient de financer « une grande partie de notre programme », affirme M. Smedts. Mme Deschoemacker insiste de son côté pour ponctionner les fortunes. Contrairement au PTB, les « Gauches communes » ne renoncent en rien à leur radicalité communiste. Face au risque d’une fuite des capitaux, ils veulent « une nationalisation sous contrôle ouvrier des secteurs-clés de l’économie ». Leur combat ne se mènera « pas seulement par les élections, mais aussi par les luttes en rue », qu’ils promettent de continuer à mener après le scrutin, notamment contre les sanctions administratives communales, contre les prix des transports en commun et contre les politiques d’austérité. S’ils se retrouvent largement dans le programme du PTB, dont ils saluent l’autocritique, les membres des Gauches communes craignent « un virage à droite au niveau programmatique ». « On leur dit: ‘attention, n’allez pas trop loin' », souligne Boris Malarme, premier suppléant à la Région. (Belga)